Menu
Libération

Salsigne: arsenic et vieilles poubelles

Article réservé aux abonnés
Pollution. La fermeture de la mine d’or pose des problèmes de décontamination.
publié le 11 mai 2004 à 0h33

Salsigne (Aude), envoyé spécial.

Une charmante rivière, des arbres majestueux, des vignobles en fleur. Puis une petite montée, un virage en épingle et, soudain, le promeneur se trouve confronté à un terrible paysage de désolation industrielle. D'immenses collines de sable jaune et noir surgissent ici ou là, entourant des débris d'usine à moitié enfouis. Au loin, sur le sommet, se dresse encore la roue caractéristique des sites miniers. Un panneau indique le nom de cette cicatrice béante à moitié abandonnée : Salsigne, village de l'Aude connu depuis un siècle et demi pour sa mine d'or, la dernière d'Europe encore en activité. Alors que les derniers 185 mineurs devraient définitivement remonter de leurs galeries à la fin du mois de juin, il ne reste à ce petit village qu'un gigantesque drame environnemental : une pollution à l'arsenic qui s'étend à plus de 40 kilomètres à la ronde.

«Un seul chiffre permet de se faire une idée de l'étendue des dégâts, lance Gérard Riguidel, responsable de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) en Languedoc-Roussillon : deux tonnes et demie d'arsenic ont été déversées chaque année dans l'Orbiel, un affluent de l'Aude, pendant plusieurs décennies.» Et presque une tonne continue à l'être aujourd'hui. Car Salsigne n'est pas l'Alaska de Charlie Chaplin. On ne trouve pas de pépite dans ce sol du pays cathare, mais beaucoup de mispickel, une roche à forte concentration de soufre et surtout d'arsenic (10 % en moyenne), qu'il f