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Libération

Sur la drogue, l'Europe ne parle pas le langage de l'Union

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publié le 15 mai 2004 à 0h38

Problème. Prenez un consommateur de cannabis. Faites le croiser un policier néerlandais. Avec moins de cinq grammes en poche, rien ne se passe. Prenez un second policier. Suédois. Pour avoir porté un joint à sa bouche, le même consommateur risque jusqu'à trois ans de prison. Prenez maintenant les deux policiers et tentez de leur faire adopter une politique commune. Voilà le genre de questions que se sont posées, lundi et mardi à Dublin, 200 experts venus des 25 pays de l'Union, réunis à huis clos pour jeter les bases de la stratégie antidrogues européenne des années à venir.

Front mouvant. Grossièrement, deux visions s'affrontent. Côté répression, la Suède. Stockholm mène la guerre à la drogue et aux drogués, et rejette l'essentiel de la réduction des risques. Côté libéral, les Pays-Bas, leurs coffee shops et leurs expériences pilotes. Le laxiste et le bon soldat ? La Suède est certes l'un des pays où l'on fume le moins de cannabis. Mais elle aurait dépassé les 400 morts par overdose en 2003, quatre fois plus qu'en 1995 et quatre fois plus qu'en France... six fois plus peuplée. Les Pays-Bas, eux, comptent, en Europe, le moins d'usagers par intraveineuse. Entre les deux, le front est mouvant. L'Italie, longtemps parmi les plus libéraux, s'est rapprochée de la Suède à Dublin. Quant à l'axe franco-allemand, il est « naissant » en la matière, affirme Didier Jayle, président de la Mildt (1), qui représentait Paris à la réunion. Les deux pays ont défendu «une approche centrée sur l