Buenos Aires, de notre correspondant.
L'Argentine est devenue en quelques années le deuxième producteur de soja trangénique derrière les Etats-Unis et cette réussite agro-industrielle commence à susciter des inquiétudes sur la solidité de la reprise économique (très dépendante du soja) et sur le bouleversement de l'agriculture traditionnelle. Depuis la crise de 2001, le remboursement de la dette dépend largement des exportations de soja transgénique et de ses dérivés qui ont rapporté à l'Etat argentin 6 milliards de dollars l'an dernier, soit le quart des ventes à l'étranger. Or, les cours baissent, les prévisions à terme ne sont pas optimistes et surtout de plus en plus de voix s'élèvent contre cette frénésie qui impose le soja dans les campagnes au détriment du blé, du maïs ou de l'élevage. En huit ans, les surfaces ensemencées ont bondi de 6 à 14,3 millions d'hectares et le soja à 95 % transgénique pourrait à terme coloniser les deux tiers des terres cultivées du pays.
L'appât du gain. Les recettes de ce soja transgénique sont une manne financière presque irrésistible pour l'Etat argentin confronté au remboursement d'une dette abyssale. Le pays ne consomme pour ainsi dire pas de soja et près de 95 % de la récolte est exportée. Sachant que, sur chaque tonne envoyée à l'étranger, l'Etat prélève 23,5 % du prix payé aux producteurs, on comprend que les autorités ne se soient jamais penchées sur les risques sanitaires ou environnementaux de cette culture. Contrairement au Brésil