Londres de notre correspondant
Dans l'adversité, le professeur James Lovelock n'hésite pas à s'allier avec le diable. «Le réchauffement global constitue la plus grande menace contre la civilisation», écrit-il dans un texte publié hier par le quotidien The Independent. Pour combattre ce «danger imminent», ce célèbre défenseur de l'environnement ne voit pas d'autre moyen que de recourir massivement à la seule «source d'énergie disponible» qui ne rejette pas de gaz à effet de serre : le nucléaire.
Cette conclusion sème le trouble chez les Verts britanniques. Outre-Manche, James Lovelock est une sorte de gourou de l'écologie, presque le fondateur d'une nouvelle religion. Il est l'auteur de l'Hypothèse Gaïa qui compare la planète à un organisme vivant autorégulateur. Sa théorie, aujourd'hui acceptée par ses pairs, a été adoptée avec enthousiasme par les Verts et les adeptes du new-age. En 1989, il faisait partie d'un petit groupe de scientifiques qui avait alerté Margaret Thatcher, alors Premier ministre, sur les risques du changement climatique.
A la une de The Independent, il qualifie de «cosmétiques» les mesures prévues par le protocole de Kyoto, dénonce les «peurs irrationnelles» des Verts et des médias sur l'atome, et souligne que le monde ne dispose pas d'assez de temps pour développer des énergies alternatives. «Si nous avions cinquante ans devant nous, nous pourrions en faire nos principales sources [d'énergie], mais ce n'est pas le cas.» Ses arguments n'ont pas convaincu le