Le principe de précaution ­ autour duquel s'écharpent détracteurs et défenseurs de la charte de l'environnement ­ a trouvé, hier, une illustration concrète. Le jour même où démarrait l'examen par les députés du projet de loi constitutionnelle (lire ci-dessous), le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, a annoncé la suspension, pour le traitement du maïs, de l'usage du Gaucho, un insecticide que les apiculteurs français accusent de décimer leurs ruches. Il était déjà interdit pour le tournesol. La suspension annoncée hier est effective «jusqu'à la réévaluation de cette substance par la Commission européenne en 2006». Toutes les molécules actives des pesticides mis sur le marché avant 1993 font en effet l'objet, dans le cadre d'une directive européenne de 1991, d'une réévaluation des risques, en vue d'une inscription ou d'un retrait de la liste européenne des substances homologuées.

«Absence de données». Le ministre avait lancé en mars une procédure contradictoire auprès du producteur du Gaucho, BayerCropScience, et des utilisateurs. Il avait aussi saisi la Commission d'études de la toxicité des produits phytosanitaires (Com'tox). Ces scientifiques ont estimé que «le risque pour les abeilles, s'il apparaît moins important que dans le cas de l'usage pour le tournesol, du fait de la seule exposition au pollen (le maïs n'est pas une plante mellifère, ndlr), reste préoccupant. Il n'est pas possible, actuellement, de dégager des conditions acceptables au sens de la directive euro