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Libération

Le pétrole se réserve un avenir

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publié le 27 mai 2004 à 0h48

«Bien que les ressources en hydrocarbures soient irréfutablement finies, personne ne sait vraiment où se situent leurs limites.» Publié dans Science le 21 mai, ce propos vient modérer les cris d'alarme lancés depuis plusieurs semaines sur une pénurie physique d'or noir. Certains l'annoncent pour 2007. D'autres y voient la cause des prix actuels du pétrole. Des cris parfois douteux, estime l'auteur de l'article, Leonardo Maugeri, un ancien géologue, vice-président du groupe pétrolier italien ENI. Il voit même dans «l'obsession» occidentale pour la sécurité et le contrôle de l'approvisionnement pétrolier une cause de «mauvaises décisions politiques». Difficile de ne pas y voir une allusion à l'Irak.

Nervosité américaine. Son argumentation repose sur la critique du fameux «pic de Hubbert», concept du géologue américain éponyme en 1956. Fondé sur la seule analyse des courbes de production, cet outil prétend prévoir la durée de l'âge du pétrole. L'heure de gloire du géologue vint de sa prédiction du «pic» des gisements des Etats-Unis : ce sera pour 1970, affirmait-il. Prédiction presque exacte : en 1971, la production domestique des Etats-Unis culmine à près de 3,5 milliards de barils par an. Depuis, elle décline, même si elle est encore la troisième du monde, avec 1,5 milliard de barils en 2003. Cette chute irrémédiable, même avec la mise en exploitation des gisements d'Alaska, explique la nervosité croissante des gouvernements américains en la matière : leur dépendance vis-à-vis