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Libération

Espagne: Doñana, le parc sauvé des eaux toxiques

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publié le 31 mai 2004 à 0h51

Almonte (Andalousie), envoyé spécial.

L'endroit a été baptisé le «corridor vert». Du petit pont de Don Simon, on voit le fleuve Guadiamar s'écouler le long d'une épaisse rangée d'ormes, de saules et de frênes, fréquentée par des oies, des hérons et des aigles impériaux. Difficile, en contemplant ce lieu bucolique, d'imaginer que ce pont marqua la fin du déversement de 5 millions de mètres cubes de boues acides. Il y a six ans, le 25 avril 1998, survint la pire catastrophe écologique espagnole (dépassée depuis par la marée noire en Galice). Suite à un effondrement dans la mine à ciel ouvert d'Aznalcollar, propriété de la société canado-suédoise Boliden, située soixante kilomètres plus au nord, des torrents de boues et d'eaux toxiques dévalent le long du Guadiamar, parfois sur une largeur de 600 mètres : 4 600 hectares de vergers et de champs sont affectés. Dans les jours qui suivent, malgré la panique et le chaos des secours, on aménage dans l'urgence une station d'épuration et un mur en terre pour stopper l'écoulement des eaux acides : le parc national de Doñana, l'une des grandes réserves naturelles d'Europe, située à l'embouchure du Guadiamar et du Guadalquivir, est sauvé in extremis. Mais les environs, dont des espaces protégés, sont largement contaminés.

Huit chantiers. «A l'époque, tout le monde a cru que Doñana était fichu pour toujours», se souvient Felix Manuel Miyares, chargé par le ministère de l'Environnement de coordonner la gestion de la catastrophe. Dans son bure