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Libération

Chine : le «village du cancer» trouve un second souffle

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publié le 10 juin 2004 à 0h59

Yangqiao (Chine), envoyé spécial.

Liang Guilong a retrouvé le sourire. Sa vie était devenue un enfer depuis qu'une petite usine chimique s'était installée, il y a deux ans, à moins de cent mètres de sa maisonnette de gardien d'une modeste église protestante de campagne, dans le nord de la province chinoise du Jiangsu, au nord de Shanghai. «Je ne pouvais plus dormir à cause de l'odeur qui me donnait des maux de crâne», explique-t-il. Tous les paysans, cinq kilomètres à la ronde, ressentaient le même malaise. «Mes enfants avaient mal à la tête dès que le vent tournait dans notre direction», témoigne un voisin. Depuis huit jours, ce cauchemar est terminé, et s'il reste encore une odeur acide dans l'air, l'usine a été fermée par les autorités locales et a cessé de déverser ses déchets toxiques devant les maisons de Liang Guilong et de ses voisins. Une histoire exemplaire de négligence officielle, de pression médiatique et, au bout du compte, de la nouvelle conscience environnementale en Chine.

Excédé. C'est un quotidien de Nankin, la capitale du Jiangsu, qui a levé le lièvre, avec un article alarmiste sur le taux élevé de décès dûs au cancer dans ce village agricole qui a tenté de se diversifier dans l'industrie. Yangqiao est vite devenu le «village du cancer», un qualificatif sans doute excessif, mais qui a permis d'attirer l'attention sur ces industries polluantes qui s'installent dans le nord défavorisé de la province, à quelques centaines de kilomètres des grands centres urbai