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Libération

Une sentinelle pas piquée des vers

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publié le 12 juin 2004 à 1h02

C'est un ver rouge, un ver de terreau que les pêcheurs connaissent bien. Mais, sous son allure discrète et banale, Eisenia fetida andrei cache un double jeu. Dans les locaux de Bio-Tox, une start-up installée près de Bordeaux, le lombric se transforme en agent très spécial au service de la protection de l'environnement. A première vue, Eisenia se comporte comme n'importe quel ver : il ingurgite tout ce qu'il trouve sur son chemin. Mais ce faisant il sert d'indic aux écotoxicologues, en détectant les produits qui contaminent les sols ou les déchets. «Avec une analyse chimique, explique Marine Saint-Denis, docteure en écotoxicologie, l'une des trois fondateurs de Bio-Tox, on ne mesure que les contaminants que l'on a recherchés : plomb, mercure... Or il y a des milliers de produits toxiques dans un sol. De plus, une analyse chimique fournit des données chiffrées que l'on compare à des valeurs seuils mais elle ne renseigne pas sur les effets sur la santé de ces contaminants.» L'analyse biologique, elle, évalue l'impact de ces contaminants sur la santé d'un organisme vivant.

Quand Marine Saint-Denis, alors ingénieure agronome, lance sa thèse en 1995, dans le labo d'écotoxicologie du professeur Jean-François Narbonne (Bordeaux-I), sous la direction de Daniel Ribera et aux côtés de Philippe Soler, Eisenia fetida andrei est déjà une fidèle sentinelle de l'écotoxicologie. Au péril de sa vie, ce ver, fréquent dans la nature, a atteint une notoriété internationale. «Il sert depuis une v