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Libération

Dépotoir français pour chimie suisse

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publié le 15 juin 2004 à 1h04

Neuwiller (Haut-Rhin), envoyé spécial.

Au centre du village de Neuwiller (Haut-Rhin), il faut emprunter une petite route qui grimpe au milieu des maisons fleuries. Au sommet, la campagne : champs à droite, forêt à gauche. C'est là, juste après les premières rangées d'arbres, à 200 mètres des derniers pavillons, que se trouve la décharge du Roemisloch. Une tranchée naturelle, étroite et profonde, partiellement comblée dans les années 50 et 60, quand des transporteurs suisses sont venus y déverser 6 000 m3 de gravats et de déchets chimiques, provenant essentiellement des usines de Bâle, à dix kilomètres de là. Seul un panneau rouge mentionnant l'arrêté municipal de 2001 qui interdit l'accès au site indique cette pollution invisible. Une épaisse couche de terre recouvre les déchets. Des arbres s'y sont même enracinés.

Le Roemisloch contiendrait de 900 à 1 500 tonnes de produits chimiques, qui polluent une source située au pied de la décharge. Dans le village voisin de Hagenthal-le-Bas, le site du Letten renfermerait au moins 3 200 autres tonnes. Le Roemisloch et le Letten sont deux des onze décharges sauvages de la région (quatre en France, trois en Allemagne, trois en Suisse et une à cheval sur la frontière germano-suisse) pour lesquelles l'industrie chimique bâloise, représentée depuis 2001 par le GIDRB (Groupement d'intérêt pour la sécurité des décharges de la région bâloise, qui réunit Novartis, Syngenta, Ciba SC, Roche, Clariant, Rohner et SF-Chem), a reconnu sa responsabili