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Libération

Au Portugal, bagarres de barrage

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par Marina JULIENNE
publié le 17 juin 2004 à 1h06

Sabor (Portugal), envoyée spéciale.

Au nord-est du Portugal, à la frontière avec l'Espagne, coule le Sabor, l'une des dernières rivières sauvages d'Europe, affluent du Douro. Aucune route ne la longe, pas de villages sur ses rives, juste des chemins de terre qui conduisent les paysans de cette région du Tras os Montes à leurs champs d'oliviers et d'amandiers : les biologistes en ont recensé des dizaines d'espèces différentes. Un paradis où vivent et se reproduisent les cigognes noires, les aigles de Bonelli, et autres espèces animales ou végétales protégées ici par le réseau européen Natura 2000. Mais comme dans tout conte de fées écologique, une menace plane sur la tranquillité des lieux. En l'occurrence, un mur de béton de 123 mètres qui pourrait noyer 2 700 hectares sur une distance de 47 kilomètres. Ce projet de barrage hydroélectrique est proposé par EDP (Electricidad de Portugal) et défendu par le gouvernement. Objectif : produire de l'électricité bien sûr, mais surtout constituer une réserve en eau.

Démesuré. Les principaux cours d'eau portugais (Minho, Douro, Tage et Guadiana) prennent leur source en Espagne. Entre la crainte d'un réchauffement climatique et une défiance ancestrale vis-à-vis des Espagnols, le Portugal veut maîtriser le débit de l'eau. Autres arguments en faveur du barrage : il augmenterait la part des énergies renouvelables et favoriserait l'emploi dans une région qui se dépeuple. Les écologistes s'inquiètent, eux, d'un projet démesuré. «Nous avons déj