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Libération

Le viol sème le virus

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De l'Afrique au Bangladesh, les femmes sont victimes de violences sexuelles qui les exposent à une contamination dévastatrice.
publié le 14 juillet 2004 à 1h26

Bangkok, envoyé spécial.

On le dit souvent, le sida est une «épidémie impolie». Et agit comme un miroir des pratiques humaines. A l'occasion, hier, d'une session sur «les violences sexuelles et le sida» lors de la conférence internationale de Bangkok, des études (réalisées en Afrique du Sud, à Haïti, en Inde ou encore au Bangladesh) ont fait ressurgir l'extrême violence dans laquelle sont enfermées un grand nombre de femmes à travers le monde. Une brutalité qui amplifie au final les ravages du virus.

Le premier témoignage se passe en Inde: «J'ai été amené dans le quartier chaud de ma ville avec la promesse d'un travail. Je ne savais rien de la prostitution, j'étais terrorisée et je ne voulais pas aller avec les hommes. Une femme, un jour, m'a envoyé quatre hommes qui m'ont violemment violée, puis la femme m'a enfermée avec un homme qui m'empêchait de sortir. J'ai crié, hurlé pendant quatre jours. J'ai essayé de me suicider, j'ai abandonné. Et accepté mon sort.» Un témoignage parmi d'autres qu'a recueilli une jeune chercheuse indienne, le docteur A. Banerjee.

Pendant neuf mois, elle a rencontré plus de 200 «travailleuses du sexe» dans l'ouest du Bengale. Objectif: analyser la violence à laquelle ces femmes sont confrontées. Résultat terrifiant: les deux tiers de ces femmes sont illettrées, près d'un tiers ont une liberté de mouvement très limitée. «90% d'entre elles, a poursuivi la chercheuse, ont été agressés récemment, dont 70 % physiquement. Une sur deux a été blessée avec de