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Libération
Interview

Microbicide, espoir préventif pour les femmes

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publié le 17 juillet 2004 à 1h28

Bangkok, envoyé spécial.

Lut Van Damme, microbiologiste, est aujourd'hui directrice médicale de Conrad, une ONG qui se bat pour mettre au point un microbicide : un gel que la femme s'introduirait dans le vagin pour détruire le virus. A l'heure où l'épidémie de sida se féminise, il est devenu vital que la femme dispose d'un moyen de se protéger qui lui soit propre.

L'épidémie de sida a plus de 20 ans. Et toujours pas de microbicide. La recherche est-elle trop masculine ?

Nous n'avons pas eu de chance. Au début, on s'est servi de ce qui existait, à savoir les spermicides. Ils étaient là, faciles à produire, et en particulier certains, comme le nonoxynol-9, avaient, du moins en laboratoire, une action très forte contre le VIH. De plus, celui-ci protégeait également contre les infections du col. On a donc, en 1990, lancé les tout premiers essais au monde de phase 3 (1). Et ce n'est qu'à Durban, dix ans plus tard, que l'on a eu les résultats. Une déception terrible : cela ne marchait pas, et, plus grave, ce produit se révélait même toxique pour les femmes qui avaient plus de trois rapports sexuels par jour.

Ce sont des produits difficiles à concevoir et à fabriquer ?

Le problème, c'est qu'un grand nombre d'entre eux se révèlent efficaces en laboratoire, mais pas in vivo. Dans le vagin, il y a énormément de facteurs qui entrent en ligne de compte. Ainsi, il ne faut pas modifier la flore vaginale, qui fonctionne comme un écosystème. Il ne faut pas, non plus, que le microbicide provoque