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Libération

Bhopal : indemnisations à fonds retrouvés

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publié le 21 juillet 2004 à 1h31

New Delhi, de notre correspondant.

C'est une histoire de fous. Depuis quinze ans, des millions d'euros destinés aux victimes de Bhopal, plus grande catastrophe industrielle de tous les temps, dormaient sur un compte en banque. Et sans l'intervention de la Cour suprême indienne, lundi, ils auraient pu y rester encore des années. La plus haute autorité judiciaire du pays vient d'ordonner au gouvernement de débourser au plus vite le reste de l'argent versé en 1989 par la multinationale américaine Union Carbide (UC) pour dédommager les 550 000 victimes de la fuite de gaz survenue dans son usine de pesticides en 1984. Avec les intérêts, ce compte ouvert à la banque centrale abrite aujourd'hui 264 millions d'euros, l'équivalent de ce qui a été versé à ce jour aux victimes de l'accident, responsable d'au moins 15 000 décès.

Aussi bienvenu soit-il, le verdict souligne du même coup l'aberration de la procédure de compensation de la tragédie de Bhopal, alors que 150 000 personnes continuent de souffrir de maladies chroniques liées à l'accident.

Pot aux roses. En 1989, UC avait réussi à négocier à l'amiable une compensation globale de 378 millions d'euros, soit une fraction des 2,6 milliards d'euros réclamés par l'Inde. Otage de la bureaucratie, l'argent est ensuite resté bloqué des années à la banque centrale indienne, le temps que les autorités déterminent qui devait toucher quoi. Résultat : la plupart des victimes n'ont été indemnisées qu'après 1995.

De plus, les estimations initiales o