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Libération

Avec la mort des vautours, la crise sanitaire plane sur l'Inde

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publié le 26 juillet 2004 à 1h34

Pinjore (Haryana, Inde), envoyé spécial.

Penché sur le petit écran noir et blanc, Devojit Das observe, par caméra interposée, deux oisillons qui battent des ailes dans leur nid. «Leurs parents sont morts, alors nous essayons de les élever en captivité, explique le vétérinaire du Vulture Care Center de Pinjore, au nord de l'Inde. Si nous n'y parvenons pas, l'espèce risque fort de disparaître.» Inauguré l'an dernier, ce modeste établissement, composé de volières et d'un petit laboratoire plantés en pleine forêt, a un objectif ambitieux : sauver les vautours indiens, dont la population chute de manière aussi vertigineuse qu'inexpliquée. Trois espèces (Gyps bengalensis, Gyps indicus et Gyps tenuirostris) ont vu leur population réduite de plus de 95 % ces dix dernières années, non seulement en Inde mais aussi au Népal et au Pakistan voisins. Jusqu'ici omniprésentes à travers toute la région, ces trois variétés de la famille Gyps sont aujourd'hui classées parmi les espèces «en danger critique» par Birdlife International. «Selon nos estimations, il n'en reste que quelques milliers», affirme Vibhu Prakash, l'ornithologue qui dirige le centre de Pinjore et qui fut le premier, en 1998, à sonner l'alerte. «Ce n'est pas qu'un drame écologique, mais aussi une catastrophe sanitaire, poursuit-il, car la disparition de ces oiseaux bouleverse l'écosystème.»

Dans ce pays de plus de un milliard d'habitants, où la grande majorité des gens ne mangent pas de boeuf, hindouisme oblige, les vautours o