Cameroun, envoyée spéciale.
«Accident, accident !» Sous le poids d'un grumier, ce camion qui transporte d'énormes billes de bois, un pont s'est effondré sur l'unique piste cahoteuse reliant Yaoundé, la capitale camerounaise, à la petite ville de Lomié, à 400 km plus à l'est. S'ils sont dépités, les passagers des véhicules bloqués ne sont pas surpris. Ces imprévus sont courants dans la région, riche en bois tropical. Pour alimenter les scieries qui tournent jour et nuit, les grumiers n'ont pas le temps de préserver les routes. Pour l'instant. Car, selon un rapport à paraître sur l'Internet, l'industrie forestière prélève toujours plus de bois qu'il n'en faut. A ce rythme, il n'y aura bientôt plus rien à transporter.
Confrontation. Approuvée le 20 juillet par le ministère de l'Environnement et des Forêts du Cameroun, l'étude réalisée par l'organisation non gouvernementale (ONG) Global Witness compare le volume et le nombre d'arbres autorisés par l'Etat et ceux déclarés, après exploitation, par les entreprises. Pour la première fois, ces chiffres sont confrontés. Résultat, 42 sociétés, sur un échantillon de 58, ont violé la loi forestière en 2002-2003. D'autres ont exploité des essences qui n'étaient pas mentionnées sur leur certificat annuel de coupe. Beaucoup ont dépassé la quantité de bois permise et censée assurer la régénération des espèces. En tête, la société camerounaise SEFN, qui a abattu 3 573 arbres au lieu de 1 442, et Pallisco, filiale du français Pasquet, donnée d'h