Ils auront tenu trente-six jours. Mais, dans la nuit de lundi à mardi, Dominique Masset et André Larivière, qui avaient cessé de s'alimenter pour réclamer l'abandon du projet de réacteur nucléaire EPR, ont arrêté leur jeûne. Un troisième militant, Michel Bernard, avait déjà abandonné, il y a dix jours, pour raisons médicales. Vendredi, après quatre semaines d'indifférence totale, les jeûneurs étaient enfin reçus à l'Elysée par un conseiller de Jacques Chirac.
Lundi soir, ils ont reçu la réponse du Président, qui les a invités à participer aux «prochaines concertations organisées dans les mois qui viennent». Sans répondre à l'une des principales revendications du collectif : lancer un audit de la filière nucléaire et de ses coûts. Une réponse «décevante», selon les trois jeûneurs. «C'est de la langue de bois, comme chaque fois qu'on touche au nucléaire», a regretté Michel Bernard. Même sentiment chez André Larivière : «A l'heure de lancer une nouvelle grosse machine, le bilan sur trente ans de nucléaire n'a pas été fait. Cela semble inaccessible en France, tant ça tient du tabou.» Albert Jacquard, scientifique et ex-membre du Comité national d'éthique, est passé hier les soutenir. S'il dit comprendre les enjeux économiques à court terme de l'EPR, il s'inquiète du peu de précautions prises autour du projet : «On ne se rend pas compte à quel point les problèmes n'ont pas été réfléchis.» Des jeûnes tournants vont continuer jusqu'à la fin août à travers la France, et un collectif