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Libération

Nzeluni, village au bord de la crise alimentaire

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publié le 29 juillet 2004 à 1h36

Nzeluni (est du Kenya), envoyé spécial.

«Aujourd'hui est un jour béni.» Une quinzaine de paysans chantent en travaillant. Bêches et pelles cognent le sol rouge durci par la sécheresse. Pas de quoi se réjouir pourtant. Ils ne dépensent pas leur sueur pour leurs petites exploitations, ils ouvrent un passage pour des véhicules. Après l'échec des dernières récoltes, c'est la seule activité qui leur reste dans le village de Nzeluni, à 3 heures de la capitale Nairobi. En échange de leur labeur, ils espèrent recevoir de la nourriture du gouvernement pour les aider à tenir le coup jusqu'aux prochaines récoltes, à partir de janvier. Voilà deux semaines, le président kenyan Mwai Kibaki a qualifié de «désastre national» la crise alimentaire frappant le pays. Il a appelé la communauté internationale à intervenir pour nourrir les 3 millions de Kenyans touchés.

«Regardez ce maïs, il va servir de fourrage pour le bétail.» Un fichu jaune sur la tête, Béatrice Mwanzi, 44 ans, pose sa bêche pour faire visiter sa parcelle de terrain. Les pousses desséchées n'ont atteint que la moitié de leur hauteur et le maïs n'est jamais sorti. «On a planté, mais il s'est très vite arrêté de pleuvoir. Ça ne peut servir qu'à nourrir les animaux.» Dans sa maison de deux pièces, Béatrice pointe le coin sombre où elle conserve d'habitude ses sacs de nourriture. Elle n'a plus rien. Alors, quand elle travaille sur la route, son mari fabrique des briques. Avec leurs quatre enfants, ils devront se serrer la ceinture,