Brasilia, correspondance.
La France et le Portugal réunis. C'est l'équivalent de ce qui est parti en fumée ces trente dernières années dans la forêt brésilienne. Réunis la semaine dernière à Brasilia pour une conférence sur l'Amazonie, 800 scientifiques brésiliens, européens et américains se sont inquiétés des conséquences de la déforestation sur les écosystèmes amazoniens et sur le réchauffement de la planète.
Pour Carlos Nobre, de l'Institut national des recherches spatiales (INPE)et spécialiste de ces questions, le réchauffement du climat local provoqué par les incendies volontaires (destinés à libérer des terrains pour l'élevage ou la culture) est déjà visible. Dans les régions les plus touchées, durant la saison sèche, le thermomètre a grimpé de 1 à 3 degrés en quarante ans. Si on laisse s'emballer le réchauffement et courir la déforestation à sa vitesse actuelle de 24 000 km2 par an, Nobre prévoit le pire des scénarios : une «savanisation» de 60 % de la forêt d'ici cinquante à cent ans. «Même sans déforestation, le réchauffement global risque de transformer 20 % de la forêt en savane.»
Cycle des pluies. Les brûlis altèrent aussi le cycle des pluies. Durant les incendies volontaires, le poids des particules formées dans l'air par la fumée rend difficile la condensation des nuages. Ce phénomène affecte le climat d'autres régions voisines. Car les nuages se chargent au-dessus de la forêt et menacent de provoquer des tempêtes en migrant vers ces pays : «C'est comme un pneu qu