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Libération

Le sous-sol alsacien au régime sans sel

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publié le 7 août 2004 à 1h42

Wittelsheim (Haut-Rhin), envoyé spécial.

Officiellement, les Mines de potasse d'Alsace (MDPA) n'extraient plus de sel des entrailles de la terre. Programmée au printemps 2004, la fin de l'activité minière de cet établissement public est survenue en septembre 2002, en raison d'un incendie dans une galerie reconvertie en site de stockage des déchets ultimes. Pourtant, on retirera longtemps encore du sel des sous-sols du bassin potassique alsacien, au nord de Mulhouse. Pas entre 600 et 1 000 mètres de profondeur, comme au siècle dernier, mais beaucoup plus près de la surface, dans la nappe phréatique des alluvions du Rhin où des millions de tonnes de sel se sont infiltrées. Au plus fort de la pollution, les concentrations de sel à proximité des installations minières ont atteint 35 grammes par litre. Soit une salinité comparable à celle de l'eau de mer.

«Pipeau». Cent ans durant, les mineurs des MDPA ont remonté de la sylvinite. On en a extrait le chlorure de potassium, utilisé pour la fabrication d'engrais agricoles. Mais ce minerai contient des substances insolubles et du chlorure de sodium. Ces déchets se sont entassés sur une quinzaine de terrils gris, élevés sans précaution particulière. Sur les 18 millions de tonnes de chlorure de sodium qu'ils contenaient, 10,3 millions se seraient infiltrés dans la nappe phréatique. Un chiffre contesté par le militant écologiste Pierre Bernhard, qui suit le dossier pour l'association Alsace Nature : «C'est du vrai pipeau, ils ont fait des