Buenos Aires, de notre correspondant.
Dans les hautes vallées de la cordillère des Andes, près de la frontière bolivienne, les Indiens fêtent depuis quelques jours la Pachamama. Chaque année à la même époque, avant de préparer les semences, les peuples Apatamas, Cochinocas, Tonocotes ou Diaguitas implorent la «mère de la terre» en lui offrant feuilles de coca,maïs, café, vin ou cigarettes. Selon les croyances indiennes, la Pachamama est une indigène de petite taille toujours accompagnée d'une vipère et d'un tatou : elle protège les hommes de la maladie, fait mûrir les fruits, multiplie le bétail et favorise la chasse. Cette fête païenne est très suivie tout au long du chemin de l'Inca qui serpente à travers les Andes et servait à acheminer l'argent des mines de Potosi jusqu'à Lima ou Buenos Aires, pour ensuite gagner l'Europe. Aujourd'hui, si les mines d'argent de Bolivie sont désaffectées, c'est la fièvre de l'or qui menace les populations indigènes des vallées andines et de leurs contreforts.
«Sang». Cette année, la Pachamama est appelée à la rescousse par les tribus dont les terres sont colonisées par les entreprises minières des Etats-Unis, du Canada ou d'Afrique du Sud. Presque nulle au début des années 90, l'exploitation minière a explosé dans les années 2000, générant près d'un milliard de dollars d'exportations en 2003. «Du jour au lendemain, des communautés indigènes qui exploitaient ancestralement le minerai ont été délogées par des entreprises étrangères qui ont pol