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Libération

La Colombie fumige à tout-va

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publié le 12 août 2004 à 1h44

Bogota, de notre correspondant.

Dans un hameau isolé du Bolivar, dans le nord de la Colombie, le paysan arrache un tubercule séché. «Il est fichu, pas mangeable.» Autour de lui, des rangs de tiges nues s'étendent autour de quelques arbres noircis. C'est tout ce qu'il reste de son champ de yuccas ­ une espèce d'igname ­ plusieurs semaines après le passage des avions de la police et de leur pluie d'herbicide. Depuis le milieu des années 1990, le même spectacle se répète aux quatre coins du pays : sur les pentes des Andes, dans les plaines orientales ou sur les versants du bassin amazonien, le gouvernement colombien a décidé d'éradiquer les cultures de coca, base de la cocaïne, et de pavot destiné à l'héroïne. La méthode : l'aspersion aérienne de glyphosate, herbicide vendu par la multinationale Monsanto sous le nom de Round-Up, mélangé à un produit qui permet l'adhésion aux feuilles, le Cosmoflux. Depuis 2000 et le lancement du Plan Colombie, impulsé par les Etats-Unis, le rythme s'est accéléré, avant de s'intensifier avec l'arrivée au pouvoir du président Alvaro Uribe, en 2002.

Coup de vent. Sur le papier, les résultats sont positifs : si le pays reste le premier producteur mondial de cocaïne, avec 480 tonnes annuelles, les dernières estimations de l'Onu montrent une baisse des cultures de coca de presque 50 % par rapport à un pic observé en 2000. Sur le terrain, la méthode est contestée. Trop imprécises pour atteindre des parcelles petites et dispersées, les aspersions affecte