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Libération

L'Australie au bord de la panne sèche

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publié le 23 août 2004 à 1h51

Sydney de notre correspondante

Caché derrière la haie, Mitch a attendu que la femme traverse le jardin, déroule le tuyau et commence à arroser. Puis, après l'avoir saluée d'un doigt à la casquette, il l'a verbalisée. 220 dollars d'amende pour n'avoir pas respecté les restrictions d'eau en vigueur depuis presque un an à Sydney. En ville, les gens ne se sentent pas concernés par la sécheresse. Ils ne réalisent pas que tout le continent est touché, pas seulement le bush, son arrière-pays aride. Ils ouvrent leurs robinets et l'eau coule. Alors, pourquoi s'inquiéter ? Mitch appartient aux patrouilles spécialement créées pour surveiller un arrosage devenu, selon les jours et les heures, illégal. Laver sa voiture au jet est aussi interdit. «Ils feraient mieux de s'y habituer car certaines restrictions seront définitives. Il va falloir apprendre à vivre avec la sécheresse...»

Seuil critique. Toutes les villes australiennes sont soumises au même régime. Sec comme le ciel déserté par les pluies. La capitale du pays ne fait pas exception à la règle. Canberra doit se serrer la ceinture. Pour protéger ses réservoirs, 800 kangourous, qui avaient abandonné une campagne brûlée par la sécheresse pour s'installer près des sources d'eau, ont été abattus. Certains avaient été rendus si agressifs par la faim qu'ils ont attaqué une femme et tué un chien, au mois de juillet, en pleine ville. Comble de l'ironie, le kangourou a noyé l'animal dans un lac. Seul le tropical Territoire du Nord peut rempli