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Libération

Pour que le sol reprenne du poil de la bête

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publié le 30 août 2004 à 1h56

Pendant trois jours, la Société internationale des sciences du sol va célébrer, à Rouen, les écosystèmes de la surface de la planète. En dépit de leur petite taille, protozoaires (amibes), arthropodes et ingénieurs du sol (vers, termites, fourmis...) rendent d'immenses services à l'humanité.

Le ver, par exemple, est la bébête à tout faire par excellence. «Il aère le sol, le conditionne, il y enfouit de la matière organique via ses crottes, il contrôle les parasites... Bref, il fait 36 000 choses.» Patrick Lavelle, directeur du laboratoire d'écologie des sols tropicaux de l'Institut de la recherche pour le développement (IRD), nourrit une tendresse particulière pour cet animal. Son équipe a découvert que dans une rizière infestée de nématodes, l'introduction de vers de terre neutralisait leur nocivité. «On ne comprend pas exactement pourquoi, mais le ver semble déclencher l'expression de certains gènes chez la plante qui lui permettent de résister au parasite.»

«Sans labour». Pendant que le ver s'épuise à travailler le sol, les activités humaines, elles, le violentent. L'agriculture, la déforestation ou l'épandage de toxiques affectent lourdement le peuplement de la faune. «La biomasse de ces animaux a beaucoup diminué. Dans certains cas, l'abondance de la faune a chuté de 90 %», explique Patrick Lavelle. Même si on trouve encore cent espèces de vers en France, à raison de 2 tonnes par hectare de prairie normande et 300 kilos par hectare dans une zone humide.

L'agriculture est u