La Réunion, de notre correspondant.
Munis de «sabres» le nom donné aux coupe-coupe à la Réunion , des agents de l'Office national des forêts (ONF) luttent d'arrache-pied contre des ronces géantes, qui étouffent les fougères arborescentes et les bois de couleurs de la forêt primaire de Bébour. La vigne marronne est l'une des cent pestes végétales qui menacent la biodiversité de l'île tropicale. De l'orchidée au bois puant, des espèces endémiques uniques au monde risquent de disparaître, parce que trop fragiles face à des plantes agressives, introduites par l'homme.
Certaines l'ont été par accident, dans les cargaisons des navires ; la plupart volontairement, pour des raisons économiques, fin XVIIIe, début XIXe. Le goyavier pour ses fruits rouges acidulés, le choka pour ses fibres transformées en corde. «Sans cela, rappelle Alain Brondeau, chef de l'unité spécialisée dans l'aménagement et la gestion durable de l'ONF, on n'aurait rien à manger aujourd'hui sur l'île : ni fruits, ni légumes.» Les autres espèces ont été amenées sur Bourbon pour des raisons ornementales. «C'était la mode des jardins d'acclimatation. On voulait transformer la Réunion en nouvel Eden.»
Risqué. Péché originel : les tabac boeuf, longose, bringellier et autre liane papillon ont été arrachés d'Amérique centrale, d'Inde, d'Asie du Sud-Est mais sans leurs ravageurs. En provenance de continents où régnait une forte compétition entre les espèces, où les insectes et les maladies régulaient leur développeme