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Libération

En passant par le canal de Panama, les poissons se diversifient

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Biodiversité. Des espèces se sont enrichies génétiquement en se croisant autour de la langue de terre.
publié le 1er septembre 2004 à 1h57

Les bateaux ne sont pas les seuls à avoir profité du raccourci du canal de Panama. Une étude à paraître dans les Proceedings of the Royal Society of London montre que plusieurs poissons ont bénéficié de l’ouverture entre l’océan Pacifique et la mer des Caraïbes. Des espèces autrefois isolées se sont croisées et ont enrichi leur diversité génétique, de chaque côté de la langue de terre. Conséquence : des chercheurs canadiens ont noté une augmentation de 28 % du nombre d’espèces dans le Rio Grande (sur le versant du Pacifique) et de 11 % dans le Rio Chagres (côté Atlantique). «L’intrusion d’une espèce nouvelle n’est pas forcément synonyme de perte d’espèce. Notre étude prouve que les populations résidantes peuvent parfois bénéficier d’invasions d’espèces étrangères», explique Scott Smith, de l’université McGill à Montréal. Mais cet exemple est insignifiant à l’échelle planétaire.

«On sait qu'en moyenne seulement une espèce introduite sur dix pose des problèmes écologiques ou économiques. C'est ce qu'on appelle la roulette écologique. Le fait que cinq à sept espèces introduites via le canal de Panama ne semblent pas (pour le moment) poser de problèmes n'est peut-être pas significatif.» Pour Charles-François Boudouresque, de l'université d'Aix-Marseille-II, l'étude montre un cas d'invasion biologique modeste et anecdotique. D'une part, rares sont les poissons qui ont réussi à traverser ce canal ponctué d'écluses. Et, d'autre part, «la séparation géologique des faunes des versants