São Paulo, de notre correspondante.
Les Indiens du Brésil se mobilisent contre la biopiraterie. Réunis le week-end dernier à Brasilia, une trentaine de «pajés», les sorciers amérindiens, ont appelé à la protection de leurs connaissances traditionnelles, portant sur les vertus thérapeutiques des espèces d'Amazonie et la composition de préparations naturelles tropicales.
Pragmatisme. Il s'agit, selon la déclaration finale, de mettre fin à l'«usurpation» de ces savoirs ancestraux qui se poursuit malgré l'adoption, en 1992, de la convention sur la diversité biologique (CDB). Ce texte, qui établit la souveraineté des pays sur leurs ressources biologiques et le partage équitable des fruits de la biodiversité, est resté lettre morte. Résultat, des espèces végétales et animales sont pillées par des chercheurs ou des entreprises, le plus souvent des pays riches, et leurs principes actifs brevetés sans aucune contrepartie financière pour le pays d'où vient l'espèce, ni pour la communauté indigène qui en connaît les propriétés. Idem pour les composés naturels tropicaux comme le curare, un poison utilisé par les chasseurs d'Amazonie sur les pointes de leurs flèches et dont les vertus anesthésiques sont exploitées par les labos américains Squibb et Glaxo.
Lors de leur première rencontre, en 2001, les pajés s'étaient dits opposés au brevetage de produits élaborés à partir des savoirs traditionnels. Plus aujourd'hui. Pragmatisme oblige, explique Daniel Munduruku, président de l'Institut indig