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Libération

Pakistan: le noir marché des déchets hospitaliers

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par Alice DRAPER
publié le 6 septembre 2004 à 2h01

Karachi, de notre correspondante.

A l'entrée de l'hôpital Jinnah à Karachi, la capitale économique du Pakistan, le vieil Hamid est accroupi devant un tas d'ordures. Le chiffonnier pioche au petit bonheur dans les détritus sanglants couverts de mouches : des déchets venus tout droit de l'hôpital. Entre pansements purulents et ampoules brisées, il trouve des seringues jetables et des poches pour perfusions.

Pour ce réfugié afghan, le butin est intéressant : il lui suffira de rincer à l'eau le matériel souillé, de le rempaqueter et de le revendre à des pharmacies aux abords de l'hôpital. Des tonnes de rejets d'hôpitaux sont ainsi convoitées par les nombreux chiffonniers misérables, souvent des enfants, qui se livrent à ce business à Karachi. Les drogués à l'héroïne ­ plusieurs centaines de milliers dans la mégapole ­ se servent aussi dans les poubelles pour y récupérer des seringues. Les risques liés à la réutilisation de ces instruments souillés sont évidemment nombreux : hépatites, sida et autres maladies. Et ce recyclage funeste a lieu dans tout le Pakistan.

Mafia. A Lahore, 3 tonnes de déchets hospitaliers sont produites chaque jour. Sur les dépotoirs géants aux abords de la ville, ces ordures font l'objet d'un vaste trafic organisé, en particulier pour le recyclage des seringues, l'industrie du plastique, du verre... Il arrive que le personnel hospitalier lui-même revende en douce les poches plastifiées ou les seringues à cette mafia du recyclage ; le conteneur de déchets d'h