Après Bangkok et Tokyo, avant Washington et Vientiane, un grand projet énergétique de la Banque mondiale était hier présenté à Paris. Un projet d'une telle ampleur que même les écologistes avaient été invités. En jeu, la construction d'un barrage de 1 075 mégawatts au coeur du Laos, pour 1,4 milliard de dollars, afin d'approvisionner la Thaïlande en électricité. Pourquoi Paris ? Parce qu'EDF détient la majorité (35 %) du consortium constructeur de l'ouvrage, la Nam Theun 2 Power Company (NTPC), au côté notamment des électriciens du Laos (25 %) et de Thaïlande (25 %).
Feu vert. Sous l'oeil des experts de la Banque mondiale qui doivent donner ou non leur feu vert en mai, un face-à-face improbable il y a quelques années encore s'est donc déroulé, tout au long de la journée, entre écolos et électriciens. Une «ouverture» qui s'explique par la volonté de transparence de la Banque mondiale, maintes fois critiquée pour les conséquences écologiques de ses constructions.
Les partisans de ce barrage, l'un des plus important en Asie du Sud-Est, mettent surtout en avant l'espoir d'un revenu régulier pour le Laos : la revente de 95 % de l'énergie à la Thaïlande rapporterait à ce pays très pauvre 80 millions de dollars par an. Les opposants craignent les conséquences écologiques et sociales. Et d'abord l'inondation d'une zone de 450 km2, le plateau de Nakai, qui abrite 6 000 personnes et une soixantaine d'espèces animales, dont 200 à 300 éléphants sauvages (lire ci-dessous). Ils craignen