Critiquée par une bonne partie de la communauté internationale pour ses travaux dans la réserve naturelle du delta du Danube (Libération du 4 août), l'Ukraine essaie tant bien que mal de défendre sa cause. Pour tenter de rasséréner Bruxelles, qui lui a demandé fin août de suspendre son ouvrage en l'absence d'étude d'impact environnemental, et l'Unesco, qui s'est déclarée la semaine dernière «inquiète» d'un projet que l'organisation «ne soutient pas dans sa forme actuelle», Kiev vient d'envoyer une de ses diplomates faire le tour des capitales européennes. Objectif : souligner le respect de l'Ukraine pour l'écologie, et son droit à disposer d'un canal navigable entre le Danube et la mer Noire. «Contrairement à ce qui a été dit, nous n'avons pas mené de travaux dans l'estuaire de Bystre lui-même, qui traverse le delta, a plaidé Natalia Zaroudna, à Paris. Et vous ne trouverez aucun cadavre d'oiseau rare.»
A l'abandon. Pour l'Ukraine, l'enjeu est important. Le 26 août, son président, Léonid Koutchma, a inauguré en grande pompe la première partie du projet. «J'ordonne de restaurer la navigation dans la partie ukrainienne du delta du Danube (dont la majeure partie est du côté roumain, ndlr)», a-t-il lancé à bord d'un navire dans l'estuaire. Depuis une dizaine d'années, le canal de Bystre, qui relie, côté ukrainien, le Danube à la mer Noire, n'était plus praticable. Réservé à la flotte militaire soviétique depuis 1958, il avait été abandonné à son sort en 1992, après l'éclatement de