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Libération

L'ombre du loup plane sur l'Ubaye

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Dans cette vallée des Alpes, le carnivore a élu domicile au grand dam des pâtres.
publié le 13 septembre 2004 à 2h06

Vallée de l'Ubaye envoyée spéciale

Il est un quartier de montagne, perché dans la haute vallée de l'Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence), particulièrement apprécié du loup. Dans ce paysage sauvage, mélange de verdure et de rocaille, la bête a semble-t-il trouvé son bonheur. Un bonheur d'autant plus intense que paissent tranquillement des milliers de brebis réparties sur quatre ou cinq alpages. Du vallon du Mirandol à celui du Vallonet, jusque du côté du col de Larche, le grand carnassier hante les nuits froides de cette fin d'été. Et dans tous les discours, la bête rôde.

Constat. David, berger d'un troupeau de 1 400 têtes, vient justement de retrouver une brebis à moitié dévorée, les viscères traînant à côté et la panse balancée à trente mètres du corps. C'est la quatrième de l'été. Comme à chaque fois, c'est une brebis égarée, retrouvée morte le lendemain. «Je suis mécontent de moi, explique ce jeune berger qui débute dans le métier. C'était une belle brebis, qui allaitait. J'aurais dû la voir.» L'homme parle sans détour, tout en gardant un oeil sur le troupeau qui descend vers l'enclos, «plus tôt que d'habitude, parce qu'elles ont peur maintenant». La nuit, les chiens surveillent et David sort à chaque fois qu'ils aboient. Et le loup n'a pas encore réussi à en piquer une du parc. «J'aurais voulu rendre un troupeau nickel, continue le berger. Mais là, avec ces attaques répétées, les brebis ne sont pas tranquilles, elles n'ont pas assez mangé, elles n'ont pas assez grossi.» Le gard