Guy-Patrick Azemar est l'auteur des Rivages de la Corse (1). Ethnologue de formation, le journaliste y décrypte le paysage de l'île à la manière d'un Fernand Braudel. En géopoliticien subtil. En écrivain aussi.
Quel est l'état du littoral corse ?
Alors que les côtes continentales sont urbanisées à 60 %, la Corse connaît moins de 10 % d'urbanisation. Surtout autour des villes, Ajaccio ou Bastia. Ailleurs, c'est une urbanisation dispersée. Essentiellement des résidences secondaires, peu d'hôtels. Cette extraordinaire préservation des mille kilomètres de côtes de l'île est tout aussi étonnante dans le contexte méditerranéen puisque, en Méditerranée du Nord, 70 % des côtes ont perdu leur caractère naturel. On trouve donc en Corse un concentré des plus beaux paysages du littoral méditerranéen.
A quels facteurs doit-elle cette relative préservation ?
En 1970, l'île a connu ces pharaoniques projets touristiques en vogue à l'époque. L'objectif était de créer pour la fin du siècle 360 000 lits et d'amener 2 millions de visiteurs. En 2004, ce chiffre de 2 millions est dépassé, mais sans la création des 360 000 lits... Contre cette «baléarisation» de l'île on prenait alors les Baléares pour exemple , il y a eu une levée de boucliers des élus locaux et des associations. Et la prise de conscience précoce du conseil général de la Corse. Son premier acte a été le rachat en 1971 du Capu Rossu, dans le golfe de Porto, et, en 1972, la création du parc naturel régional, qui couvre un tiers du t