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Libération

Le Musée indien joue la carte culturelle

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publié le 22 septembre 2004 à 2h14

Washington, de notre correspondant.

Lorsque Tom Porter, 60 ans, raconte l'histoire de son peuple, il présente souvent son sourire édenté, mais s'arrête aussi pour sangloter. Il est peut-être le dernier Mohawk à connaître par coeur les 55 heures du récit du «faiseur de paix», qu'on se transmettait de père en fils depuis la nuit des temps. Il y a mille ou deux mille ans, un homme envoyé par le Créateur avait apporté la paix entre cinq peuples iroquois : Mohawks, Onongondas, Cayugas, Senecas et Oneidas. Ceux-ci ont formé une confédération, citée en exemple par Benjamin Franklin pour organiser les treize colonies britanniques américaines devenues indépendantes.

Tom Porter pleure quand il évoque son grand-père, ou cette «grosse société» qui n'a eu de cesse de mépriser sa culture, ses croyances, sa langue. Il est venu à Washington pour l'ouverture, hier, du nouveau musée national des Amérindiens. Mais ce musée le laisse avec des sentiments «mitigés». Sa vie «n'a rien à faire sur les étagères d'un musée». «J'applaudirais seulement si le Smithsonian (1) décidait d'enseigner aux jeunes la langue dakota ou leur dire comment prier comme les Mohawks.»

Message d'espoir. Comme lui, plusieurs milliers d'Indiens étaient hier sur le Mall de Washington, pour le plus grand pow wow (rassemblement festif) de tous les temps. Une procession est partie dans la matinée du musée d'Histoire naturelle pour rejoindre le nouveau musée, tout un symbole. Couleurs vives, perles, plumes, chants, danses... l'ima