La justice française se saisit enfin du dossier des irradiés des essais nucléaires dans le Sahara et le Pacifique. Une information judiciaire a été ouverte le 20 septembre, et deux juges du pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris, Anne-Marie Bellot et Anne Auclair-Rabinovitch, ont été désignées pour instruire cette affaire. «Pour nous, c'est une étape importante. Les choses paraissent bouger», se réjouit Bruno Barrillot, animateur de l'Association des vétérans des essais nucléaires (Aven), qui regroupe plus de 2 000 d'entre eux.
Délai inhabituel. L'ouverture de cette procédure pénale fait suite à une plainte contre X pour «homicide involontaire, atteinte à l'intégrité physique et administration de substances nuisibles». Elle a été déposée en novembre 2003 par quinze victimes et deux associations, l'Aven et son homologue polynésienne Moruroa e Tatou (Libération du 29 novembre 2003). «Le délai inhabituel de dix mois entre la plainte et l'ouverture de l'instruction souligne l'embarras du ministère de la Défense qui devra justifier son discours irréaliste», affirme Bruno Barrillot. Hier, la Défense se déclarait «totalement déterminée à apporter son concours» à la Justice.
De 1960 à 1996, date de leur arrêt définitif, la France a procédé à 210 essais nucléaires, dont 50 dans l'atmosphère. Ils se sont déroulés dans le Sahara algérien, puis en Polynésie. Selon l'Aven, 150 000 civils et militaires, la plupart appelés du contingent, ont participé à ces essais.
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