Bogota de notre correspondant
Le Conseil d'Etat de Colombie l'a décidé mardi : des nuages d'herbicide continueront de tomber sur les paysans du pays. L'instance a cassé en appel un verdict qui suspendait l'aspersion par avion de Round-up, un produit de l'américain Monsanto, sur les cultures de coca et de pavot, bases de la cocaïne et de l'héroïne.
Modifications génétiques.
Cette arme antidrogue, massivement utilisée par Bogota, comporte ses «effets collatéraux» : les paysans accusent que les nuages de défoliant de provoquer des irritations cutanées, des diarrhées ou même des avortements, et de dévaster leurs cultures vivrières (Libération du 12 août). Une étude universitaire équatorienne a en outre détecté des modifications génétiques liées aux aspersions. Le tribunal administratif du département de Bogota avait donc ordonné, en juin 2003, la suspension des fumigations «jusqu'à la réalisation d'une étude sur les effets de ces herbicides sur la santé publique et l'environnement». Mais le gouvernement du président conservateur Alvaro Uribe avait aussitôt fait appel du verdict, automatiquement suspendu.
Escortés par des hélicoptères, les avions de la police colombienne n'ont, du coup, jamais cessé d'asperger les régions productrices de coca.
Au début de la semaine, les opposants aux fumigations caressaient un dernier espoir : le magistrat, chargé de préparer la sentence du Conseil d'Etat, avait présenté un avis qui confirmait la décision du tribunal de Bogota. Mais, de façon inhabit