Ile de Sulawesi (Indonésie)
envoyé spécial
Les yeux creusés par les larmes, l'air épuisé, Masnah Stirman, une villageoise de Buyat-Plage, dans le nord de l'île indonésienne de Sulawesi, secoue la tête en regardant la petite tombe couverte de cailloux blancs où a été enterrée début juillet sa fille Andini, décédée à l'âge de 5 mois. «J'ai immédiatement compris qu'il y avait quelque chose d'anormal», se rappelle-t-elle. A la naissance, la peau du bébé était sèche et fripée, marquée de pustules noires. «C'était comme si elle était brûlée par le soleil», raconte Masnah. Pendant les semaines qui ont suivi la naissance, les abcès ont couvert tout le corps, provoquant une fièvre permanente. Un docteur local a parlé d'une «banale maladie de peau». A 5 mois, l'enfant a succombé. «A ce moment-là, je ne pensais pas aux déchets de Newmont», poursuit-elle, évoquant une firme américaine qui exploite, depuis 1996, six puits de mine d'or à quelques kilomètres et rejette les déchets de ses opérations dans la baie de Buyat. «Mais maintenant, je leur en veux, j'estime qu'ils sont responsables.»
Point d'ébullition. L'amertume vis-à-vis de Newmont, plus grosse société de production d'or de la planète, atteint son point d'ébullition dans ce petit village de huttes aux toits de paille qui s'étend en bordure de la plage. Car le cas d'Andini n'est que le plus tragique d'une pléthore de maux divers qui affectent les familles de pêcheurs de Buyat-Plage. Une jeune fille écarquille la pupille pour montrer