N'Djamena (Tchad) correspondance
Un R majuscule, maladroitement dessiné à la craie sur une porte en tôle, alerte les médecins de l'Unicef qui stoppent leur véhicule. Ils s'approchent d'une concession (ensemble d'habitations) située dans un quartier du sud de N'Djamena, la capitale. «Vous êtes le père de famille ?» L'homme acquiesce d'un air soupçonneux en tenant sa petite fille par la main. «Il y a une inscription qui nous a fait tiquer. Le R, là, signifie refus. Des agents de vaccination sont passés et ont voulu traiter vos enfants ?» Oui, il est au courant. C'est sa femme qui les a accueillis et empêchés d'administrer les deux gouttes du vaccin buccal antipoliomyélite. «Il y a des gens qui disent que ça donne des maladies, des boutons, comme la varicelle. Et d'autres disent que les filles ne peuvent plus avoir d'enfants», souffle-t-il, embarrassé. Les palabres sont engagées. Les voisins s'attroupent, curieux. Le Dr Karimou Andélé, conseiller régional pour la vaccination à l'Unicef de Dakar, va chercher une affiche dans la voiture. «Vous voyez, là. Un mari et son épouse tiennent chacun dans leurs bras un enfant. On voit un prêtre et un marabout qui vaccinent les deux gamins. Croyez-vous que ces personnalités religieuses chercheraient à tuer vos familles ? Moi, je viens exprès de Dakar. Pensez-vous que je viendrais de si loin pour vous faire du mal ?»
Dans le cadre de la campagne de vaccination contre la polio, organisée au Tchad par l'Unicef, l'OMS et le gouvernement, près de