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Libération

Débat biaisé sur la surmortalité des abeilles

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publié le 14 octobre 2004 à 2h34

On pourrait reconnaître à l'agrochimiste BASF le mérite d'avoir ouvert le débat. Mardi, la firme a réuni une cinquantaine d'apiculteurs, agriculteurs et scientifiques pour étudier les «différentes hypothèses sur la mortalité des abeilles». Depuis plus de dix ans, l'Union nationale des apiculteurs français (Unaf) accuse deux insecticides, le Régent TS, produit par BASF, et le Gaucho, fabriqué par Bayer. Ces produits ont la particularité de protéger les cultures par enrobage des semences, évitant des épandages d'insecticides en plein champ. En vertu du principe de précaution, le ministre de l'Agriculture a suspendu, le 23 février, l'usage du Régent TS, puis, le 25 mai, celui du Gaucho, jusqu'à leur réévaluation par Bruxelles en 2006.

Depuis plusieurs années, apiculteurs et agrochimistes s'affrontent par experts et études scientifiques interposés. Sans qu'on n'ait jamais pu aboutir à une certitude, sans que jamais ces deux camps n'acceptent de plancher ensemble sur le problème. Le hic, avec le «colloque technique apicole» organisé par BASF, c'est qu'il n'a réuni que des interlocuteurs persuadés de l'innocuité des insecticides. Ainsi, pour les quinze apiculteurs présents, d'autres pistes sont plus convaincantes. S'appuyant sur une étude réalisée en Allemagne et le témoignage de vieux apiculteurs, ils imputent l'affaiblissement des abeilles à une «alimentation carencée». Les productions monoflorales donnent un pollen de qualité nutritive insuffisante, ce qui entraîne la dégénéresc