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Libération
Interview

«Légal-illégal, une frontière tenue»

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publié le 16 octobre 2004 à 2h36

Cayenne (Guyane) envoyée spéciale

Depuis 2002, la gendarmerie de Guyane attaque l'orpaillage clandestin avec les opérations «Anaconda», du nom du serpent qui enserre sa proie pour l'asphyxier : 35 en 2003, qui ont permis de récupérer 77 kg de mercure et 8 d'or ; 58 déjà en 2004, pour saisir plus de 200 000 litres de carburant, 87 kg de mercure et 6 kg d'or, et reconduire à la frontière 2 000 clandestins. Entretien avec le colonel Jean-Philippe Danède.

La distinction légal-illicite a-t-elle un sens pour l'orpaillage en Guyane ?

La frontière est plus que fine, ces secteurs se chevauchent largement. Des orpailleurs légaux entretiennent autour de leurs sites des chantiers clandestins : ils vendent du carburant aux «illégaux» ­ un litre vaut un gramme d'or soit environ 9 euros ­, des machines aussi. Ils gèrent des commerces sur les sites illicites et disposent ainsi d'un réservoir de main-d'oeuvre. Quand les autorités ou le grand public s'inquiètent des dégâts de l'orpaillage, ils désignent les clandestins qui travaillent mal ! Dix opérateurs légaux sont incriminés dans les enquêtes en cours et ce n'est pas fini : 10 à 15 % des opérateurs miniers officiels ne jouent pas franc jeu.

Faut-il donc interdire tout orpaillage dans le futur parc ?

La décision ne relève pas de nous. Si le parc se fait, ce sera un territoire immense auquel on n'accédera qu'en hélico ou en pirogue. Cela exigera une surveillance active. Mais il faut être pragmatique : il y a des gisements aurifères dans cette zon