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Libération

C'est pas tous les jours la fête à la grenouille

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publié le 18 octobre 2004 à 2h37

Il ne fait pas bon être un animal ingrat sur cette terre. Crapauds et grenouilles le savent, qui disparaissent tranquillement sans émouvoir Brigitte Bardot. Les scientifiques aussi, peut-être rebutés par leur aspect visqueux, voire pustuleux, s'en sont longtemps désintéressés. Ils rattrapent désormais le temps perdu : une première évaluation à l'échelle mondiale vient de confirmer que le déclin des amphibiens est plus rapide que celui des oiseaux ou des mammifères. Selon le bilan (1) du groupe de travail GAA (Global Amphibian Assessment), auquel ont participé plus de 500 scientifiques de plus de 60 nations, on connaît 5 743 espèces d'amphibiens, grenouilles, crapauds, salamandres. Parmi elles, 1 856 (32 %) sont menacées d'extinction. Neuf espèces se sont éteintes depuis 1980. Et 113, qui n'ont pas été vues ces dernières années, pourraient avoir totalement disparu.

Causes multiples. Annemarie Ohler, maître de conférence au museum d'Histoire naturelle de Paris, a travaillé sur ce programme conduit par Simon Stuart, directeur de l'unité évaluation biologique à l'UICN (Union mondiale pour la conservation de la nature). A partir de 2001, elle a parcouru trois régions du monde: la Chine, l'Inde et le Sud-Est asiatique. «Nous avons réuni toutes les données avec les chercheurs concernés : que savait-on de la biologie de telle espèce, quel était son statut ?» Deux constats s'imposent : la population d'amphibiens diminue dans toutes les parties de la planète et les causes sont multiple