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Libération

Kyoto éclôt à Moscou

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publié le 23 octobre 2004 à 2h42

Le protocole de Kyoto va mieux. A Moscou, la Douma a voté vendredi sa ratification à une écrasante majorité. Son entrée en vigueur restait suspendue depuis de longs mois à la bonne volonté de Moscou: il doit être ratifié par 55 Etats pesant au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) des pays industrialisés. Les 17 % émis par la Russie font passer le seuil. Le protocole aura force de loi 90 jours après le dépôt des documents russes à l'ONU.

La Russie espère en tirer profit. Le pays, dont les GES ont chuté depuis 1990 avec la débâcle économique, attend des capitaux occidentaux. Le protocole permet aux industriels d'échanger des droits à polluer chez eux contre des investissements à l'étranger. Or la rusticité des usines russes permet de fortes réductions d'émissions de GES à moindre coût. Mais il y a fort à parier que les investissements de l'UE seront d'abord dirigés vers ses nouveaux venus de l'Est.

Bruxelles se félicite du ralliement russe obtenu de haute lutte. Jusqu'au bout, Washington a ramé à contresens. Les Etats-Unis (36 % des GES) se retrouvent seuls riches opposants avec l'Australie (2 %), et le resteront: les deux prétendants à la Maison Blanche ont réaffirmé leur refus de ratifier le texte. Bush refuse d'admettre le réchauffement climatique, et Kerry juge le protocole trop coûteux, mais accepte de revenir à la table des discussions.

Il reste que les objectifs de Kyoto ne seront pas tenus. Rares sont les pays capables de tenir leur parole. La France, qu