Arkhangelsk envoyée spéciale
«Kyoto ? Vous croyez vraiment que ça va nous aider à nous moderniser ?» Dans les ateliers du combinat de cellulose d'Arkhangelsk, entre les chaudrons qui crachent le CO2 à grandes bouffées, les ingénieurs avouent avoir tout juste «entendu parler» du protocole. Dans cette ville du Grand Nord russe, habituée à des températures de 20 ou 30 degrés l'hiver, il se trouve encore des gens pour assurer qu'un réchauffement de la planète ne serait pas forcément un mal. Même ici, en cette extrémité de Russie, l'énorme combinat, un des plus gros producteurs mondiaux de pâte à papier, et un des plus gros pollueurs aussi, se préoccupe pourtant sérieusement de réduire ses émissions.
Inventaire. «Nous n'avons pas attendu Kyoto pour commencer à nous moderniser», assure Viktor Verchinine, ingénieur en chef de l'une des trois stations électriques qui font tourner les turbines. «En décembre 2000, nous avons installé là un nouveau chaudron qui brûle des déchets de bois au lieu du mazout, grâce à une technologie finlandaise. Cela fait beaucoup moins d'émissions toxiques, montre l'ingénieur, caressant du regard son chaudron qui trône comme un sou neuf au milieu d'une jungle de vieux tuyaux rafistolés. Il est deux fois plus efficace que nos anciens chaudrons et, en plus, les déchets de bois sont moins chers que le fioul. Une tonne de déchets nous coûte 5 roubles (14 centimes d'euro), contre 3 500 roubles (100 euros) pour le fioul. Avec ou sans Kyoto, nous sommes en tra