Karachi correspondance
L'odeur toxique prend immédiatement à la gorge. Au fond de la cour, une cinquantaine de bidons vides, rouillés, continuent d'empester. C'est sur ce terrain du district de Malir, dans un faubourg peuplé de Karachi, la capitale économique du Pakistan, qu'ont été entreposés pendant plus de vingt ans 45 000 litres de pesticides liquides et 366 tonnes de pesticides solides (1). Des produits dangereux, comme le Kelthane, insecticide de la famille du DDT, ou le Gusathion, qui ont été laissés à l'air libre, sous le soleil. Ils se sont lentement décomposés et coulaient de leurs fûts, contaminant l'air et les nappes phréatiques.
Subventions. Dans les années 60, sous la pression des agences internationales de développement et des fabricants de produits chimiques, notamment des Américains qui prônaient la révolution verte, le Pakistan importait de grosses quantités de pesticides. Les épandages aériens étaient même subventionnés par l'Etat. Puis, à la suite d'un changement politique, ces aides étatiques ont été arrêtées et les stocks de pesticides, devenus trop chers pour les paysans, se sont périmés au fil des ans dans leurs hangars. L'«entrepôt» de Malir, situé à 150 mètres d'une école, était alors sans doute le plus important du Pakistan.
Il y a une dizaine d'années, une association écologiste pakistanaise, la Société pour la conservation et la protection de l'environnement (Scope), a fait analyser une quinzaine de puits dans les environs de la décharge. «Tous cont