Depuis 2001, le Canadien Stephen Lewis est pour Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, l'envoyé spécial pour le sida en Afrique.
Le report d'un nouveau cycle d'appel à projets du Fonds mondial porterait selon vous «un coup décisif à la lutte contre le sida». Pourquoi ?
Refuser de lancer de nouveaux programmes et de les financer, c'est menacer l'intégrité de l'instrument financier le plus prometteur jamais mis sur les rails pour combattre la maladie la plus cruelle que le monde ait connue. C'est ruiner l'espoir et la confiance qui existent enfin parmi les populations frappées par les pandémies. C'est adresser un coup dans les dents des pays d'Afrique subsaharienne. C'est aussi torpiller les «objectifs du millénaire» qui visent notamment à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015.
Pensez-vous, à l'instar de beaucoup d'ONG, que les Etats-Unis veulent torpiller le Fonds mondial ?
Je comprends leur colère face à ce qui peut apparaître comme une attaque frontale. Les réticences actuelles de l'administration Bush peuvent s'interpréter comme une contre-attaque après les positions sur l'illégalité de la guerre en Irak tenues par Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies, qui est à l'initiative du Fonds. Des associations assurent aussi qu'il y a une volonté de torpiller cet outil multilatéral pour mieux mettre en avant le Pepfar (President's Emergency Plan for AIDS Relief), plan bilatéral contre le sida de l'administration Bush