Le Caire de notre correspondante
C'est un nuage qui obscurcit soudain le ciel. Une masse sombre et menaçante qui vibrionne, comme la neige sur un écran de télévision. «Fermez les fenêtres, calfeutrez tout, ils arrivent !» Mercredi matin, les téléphones du Caire n'ont cessé de sonner. Partout, les mêmes voix surexcitées, les mêmes témoignages effarés. L'invasion de criquets pèlerins qui a déferlé sur la capitale égyptienne a provoqué un début de panique, à peine calmée par les propos rassurants du ministre de l'Agriculture, Ahmed al-Leithy selon lesquels le phénomène n'aura «aucun impact sur l'homme et sur l'agriculture».
Pas vorace. «Je n'ose plus sortir de chez moi», indiquait mercredi une habitante du centre-ville, terrorisée par les nuées voletant devant ses fenêtres. Dans le quartier de Gizeh, des scènes impressionnantes ont été rapportées par les Cairotes traumatisés par le vol bas des insectes, qui se sont posés dans les rues, les balcons et les jardins publics. Malgré les rumeurs annonçant le survol de la ville par des avions chargés de pesticides, les autorités égyptiennes n'ont finalement pas essayé de lutter contre ces criquets jaune orangé, d'une taille respectable (près d'une dizaine de centimètres), qui n'ont, au bout du compte, pas vraiment fait de dégâts dans la capitale. Une chance, explique Bernard Quéré, consultant indépendant en agriculture au Caire. «Ces insectes, bien qu'adultes, sont encore immatures. Le danger intervient plutôt en période de reproduction