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Libération

Le sucre, une douceur amère pour l'environnement

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publié le 22 novembre 2004 à 3h06

Alors que le Conseil européen des ministres de l'Agriculture doit discuter aujourd'hui de la réforme des aides à la production sucrière, les organisations non gouvernementales haussent le ton. Oxfam réclame une nouvelle fois des mesures plus fortes en faveur des producteurs de sucre des pays du Sud (lire ci-dessous) et le Fonds mondial de la nature (WWF) dresse un sombre tableau des effets de l'agriculture sucrière, au Nord comme au Sud. Même la morue atlantique, déjà menacée par la surpêche, est victime des effluents de la production sucrière danoise !

Lessivage. Dans son étude publiée aujourd'hui, le WWF affirme que l'érosion liée aux cultures sucrières fait perdre, chaque année, de 5 à 6 millions d'hectares de terres cultivables sur la planète. Au Sud, l'ONG estime nécessaire de cesser la culture de la canne sur les terrains trop pentus : l'irrigation et les fortes pluies entraînent un lessivage massif des sols, alors que d'autres cultures retiennent mieux la terre. Au Nord, les terres à betteraves, vierges en hiver, subissent une érosion aérienne. De plus, les betteraves récoltées (près d'un quart de la production mondiale de sucre) gardent de 10 % à 30 % de terre, ce qui renforce le phénomène.

Le second risque posé par les cultures sucrières touche d'abord le Sud. Une irrigation irréfléchie menace les réserves d'eau douce. Le WWF souligne ainsi que le pompage d'eau au profit des cultures de blé, de riz, de sucre et de coton, ainsi que la sécheresse, «ont conduit 80 % des