Lagos de notre correspondante
On ironise souvent en Afrique sur le «deuxième bureau», tant l'infidélité y semble consubstantielle au mariage. Si les femmes sont de plus en plus touchées par le sida, ce n'est pourtant pas en raison d'une liberté sexuelle grandissante. «La femme est l'objet de son histoire, ni ce qu'elle est, ni son corps ne lui appartiennent», souligne Dorothy Aken Ova, responsable au Nigeria d'un centre de santé reproductive et de défense des droits sexuels. Physiologiquement plus vulnérable, la femme est aussi sociologiquement défavorisée face à la maladie.
Selon Dorothy Aken Ova, de plus en plus de femmes infectées sont mariées, la séroprévalence est souvent détectée au moment de la grossesse. Mais nombreuses sont les femmes, surtout celles mariées très jeunes à un homme plus âgé, qui n'aborderont jamais le sujet au cours de leur mariage. Dans le couple, le sida reste un tabou. «Même si une épouse pense que son mari est infecté, elle ne peut pas lui imposer l'usage du préservatif», souligne Anselme Nwoke, directeur d'Alliance Aid Nigeria. En milieu rural particulièrement, certaines pratiques aggravent la transmission. Lorsqu'un mari décède même du sida , la coutume veut que son frère adopte l'épouse endeuillée. Dès lors, il contracte auprès d'elle le virus et le transmet ensuite à ses coépouses. Si les chrétiens réprouvent la polygamie, les communautés traditionnelles continuent de la pratiquer. Elle a également cours dans les Etats musulmans du nord du N