Le 2 décembre 1993, Pablo Escobar est abattu par la police colombienne. Aux Etats-Unis, premiers destinataires de la cocaïne, journaux et télévisions font du responsable de la traque, le procureur général Gustavo de Greiff, un héros national. L'état de grâce sera de courte durée. En mars 1994, à l'issue d'une campagne orchestrée par un influent sénateur démocrate du nom de John Kerry, le héros se voit refuser l'accès aux Etats-Unis : de Greiff aurait touché de l'argent de rivaux d'Escobar. Il est forcé à la démission. Pour lui, c'est ailleurs qu'il faut chercher les raisons de son éviction : peu avant la mort du trafiquant, au cours d'une conférence à Baltimore, le Colombien avait expliqué que, quel que soit le nombre d'Escobar arrêtés, les profits générés par la cocaïne attireraient toujours des remplaçants : «Alors je leur ai dit que la légalisation des drogues, c'est-à-dire la régulation de la production et du commerce combinée à des campagnes d'éducation antidrogues et d'assistance médicale aux toxicomanes, pourrait être une meilleure politique pour lutter contre les cartels et la corruption.»
«Excités». Dans la «guerre à la drogue» que l'Amérique impose au monde depuis plus de trente ans, ce genre d'affirmation peut valoir la cour martiale. Surtout si elle émane d'un officier supérieur. Pourtant, les désertions se multiplient. Juges, procureurs, policiers... Ex ou encore en fonction, ils sont de plus en plus nombreux à oser prendre la parole contre la tolérance zéro. Leu