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Libération

Les griots africains portent leur voix contre l'excision

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par Anne-Cécile BRAS
publié le 26 novembre 2004 à 3h11

Ouagadougou envoyée spéciale

«Vous voyez, là, le sexe est complètement fermé. La boule entre les jambes, c'est la tête du bébé qui ne peut pas sortir. Cette femme est restée comme ça pendant trois jours. On a ouvert et regardez : le bébé est pourri. Voilà les conséquences de l'excision !» Dans la salle, le malaise est pesant. Mais Moustapha Toure, un gynécologue malien, continue son exposé à coups de photos chocs et d'histoires sordides : «J'ai opéré 125 femmes ces trois dernières années. J'ai pris ces photos parce qu'en voyant les images, il n'y a plus de doute.» L'excision tue. Elle crée des séquelles irréparables. Et pourtant, deux millions de fillettes sont mutilées chaque année au nom du respect de la tradition. Une tradition orale transmise depuis des siècles par les griots, ces poètes-musiciens respectés et écoutés par tous. Comment convaincre ceux-ci de lutter contre une pratique ancestrale ? Fin septembre, une centaine d'entre eux venus de dix pays d'Afrique de l'Ouest (1) se sont engagés à combattre l'excision lors d'un forum organisé par l'Agence intergouvernementale de la francophonie à Ouagadougou (Burkina Faso). Une première. L'influence des communicateurs traditionnels est enfin prise en compte. Fadia Nassif, responsable des projets femmes et développement à l'Agence de la francophonie, est confiante : «Pour être efficace, il faut viser les populations des zones rurales. Depuis 2003, nous travaillons avec les griots du Mali et de Guinée. C'est lent, mais ça fon