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Libération

Rudiments d'Hippocrate en Sibérie

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publié le 27 novembre 2004 à 3h11

Nadym, envoyée spéciale.

A perte de vue, la neige et les sapins. L'hélicoptère a beau tourner au-dessus de cette immensité glacée, impossible ce matin de repérer les tentes du sovkhoze qui a appelé à l'aide. L'hélico se pose une première fois. La semaine dernière, c'est bien là qu'étaient les Nénètses, un des derniers peuples autochtones de Sibérie, qui compte encore près de 35 000 personnes et dont beaucoup ont gardé leur mode de vie ancestral. Mais ils sont repartis un peu plus loin, guidés par leurs troupeaux de rennes en quête de nouveaux pâturages.

Timide aveu.

L'hélico de l'aviation sanitaire de Nadym, dernière ville de la région avant le cercle polaire, redécolle et finit par les dénicher. Six tentes en peaux de renne au milieu de nulle part, par un temps relativement clément en cette mi-novembre : moins 25 °C. Sous l'une des tentes, Polina, 64 ans, avoue timidement qu'elle ne se sent pas très bien. Le médecin russe, débarqué par hélico, prend sa tension : 220/120, quand la norme serait 120/80.

«Je vais vous faire une piqûre, mais il faudrait que vous veniez vous faire soigner à l'hôpital», annonce-t-il. «Jamais ! rétorque Polina. Je ne peux pas partir, je m'occupe des enfants ici, je n'irai pas !» Habitué, le médecin n'insiste pas et dépose un paquet de médicaments au zootechnicien de la brigade, le seul à avoir reçu une formation à la santé... des rennes.

La scène se joue aujourd'hui, comme elle se jouait il y a dix ans déjà, quand une équipe de l'ONG française Médecins